Source: Fasozine.
L’Institut Free Afrik a présenté à la presse le vendredi 15 janvier 2016 à Ouagadougou, son rapport annuel sur le bilan de l’économie burkinabè en 2015 et les perspectives de l’année 2016. Intitulé « Economie burkinabè 2016, Consolider les réformes, engager le pays dans le long terme », ce rapport est un condensé de l’analyse de la situation économique du pays réalisé par les chercheurs dudit Institut avec à leur tête, le Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, son secrétaire exécutif. Il ressort de cette étude que « le pays des Hommes Intègres », selon les prévisions, réalisera un taux de croissance de 6% en 2016. Pour le Dr Ouédraogo, ces prévisions « sont très fragiles et dépendantes des orientations des politiques publiques et du retour de la confiance dans le contexte post-Transition ».
Comme bilan tel que révélé par le rapport, l’économie burkinabè d’une manière générale s’en sort à bon compte par rapport à celle mondiale et africaine. Tout de même, notre économie en 2015 a subi les aléas des crises sociopolitiques et de la conjecture internationale, ce qui explique le taux de croissance économique de 5% enregistré.
Pour le principal orateur du jour, le Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, les crises sociopolitiques ont eu une ampleur plus décisive en 2015 : « L’insurrection populaire, la difficile et incertaine transition, les troubles politiques, les mouvements sociaux, le coup d’Etat manqué, et l’agenda électoral ont renforcé l’attentisme des investisseurs locaux et internationaux. Le climat d’insécurité et d’incertitude renforcé affaiblit l’activité économique ».
A côté de ces crises qui ont ralenti la croissance, figure en bonne place la conjecture mondiale. En effet, la chute du cours des matières premières -notamment l’or et le coton-, l’appréciation du Dollars par rapport à l’Euro qui affaiblit la compétitivité du pays, et l’épidémie à virus Ebola qui a engendré des dégâts économiques au niveau du secteur hôtelier, du tourisme et de l’artisanat, ont eu un impact important sur notre économie.
Les autorités de la transition, pour leur part, ont « continué dans la poursuite des improvisations et des mesures précipitées » sous la pression du court terme tel le Programme socioéconomique d’urgence de la transition (PSUT). Ce qui fait dire au Dr Ouédraogo, qu’aucun pays ne peut se développer si ses actions ne s’inscrivent pas dans la durée avec des politiques précises et priorisées.
Au titre des perspectives, les chercheurs de Free Afrik recommandent aux nouvelles autorités d’éviter de faire dans l’improvisation et dans les programmes d’urgence. « De ce point de vue, un impératif du nouveau gouvernement sera de rompre avec la dictature du court terme, d’abandonner les politiques de saupoudrage et la priorisation de l’action gouvernementale », indique un extrait du document.
De l’avis de Dr Ouédraogo, il faut coûte que coûte mettre désormais l’accent sur « l’indispensable priorisation des priorités. », pour lui donc, « il faut choisir les réformes prioritaires du mandat et mener des politiques vigoureuses de long terme ». Aussi, à l’en croire, quelle que soit la priorité que choisiront les nouvelles autorités, l’investissement public et privé sera « une variable clé du résultat ».
Pour cette année, Free Afrik recommande l’élaboration rapide d’un référentiel unique qui sera la boussole de l’action étatique, la prise en compte des avis de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR), et surtout l’impérative consolidation des réformes de la Transition.
Dimitri Kaboré/Fasozine.