L’Institut FREE Afrik a, ce vendredi 21 février 2020, organisé une conférence autour du thème « Massacres de populations et conflits communautaires : où en est le Burkina Faso un an après Yirgou ? ». La question sécuritaire dans la commune de Barsalogho, l’état d’avancement de la justice sur Yirgou et quelques propositions en vue de la consolidation de la cohésion ont été entre autres au menu des échanges. 

 Le 23 janvier 2019, FREE Afrik initiait une conférence sur le drame de Yirgou afin d’envisager le « que faire », tout en annonçant une rencontre une année plus tard pour suivre l’évolution de la situation. En 2020, où en est-on avec le dossier Yirgou et les conflits communautaires ? FREE Afrik pose le débat sous la forme d’un panel intitulé « Massacres de populations et conflits communautaires : où en est le Burkina Faso un an après Yirgou ?  M. Abdoulaye PAFADNAM, Maire de Barsalogho, Mme Apsa DIALLO, Secrétaire chargée du genre et de la solidarité entre les communautés du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), le Pr Youssoufou Ouedraogo biologiste et auteur du livre de « Vivre ensemble, au-delà du slogan » ont animé ce panel qui a été modéré par Boukari Ouoba.

D’entrée de jeu, le maire de Barsalogho a fait un état des lieux de la situation sécuritaire dans sa commune. Il a expliqué que le drame de Yirgou a été le point de départ qui a envenimé la situation dans la commune. « Le 22 juin il y a eu une attaque terroriste dans une zone non lui de Yirgou puis il s’en est suivi des attaques à répétitions », a t-il indiqué. Cette situation a occasionné le déplacement de centaines de populations et cela a conduit à la mise en place de camps avec l’aide de partenaires internationaux. Il a aussi évoqué les mécanismes de distribution de vivres qui ont créé des polémiques. Il a également rappelé le caractère très inquiétant de la situation sécuritaire dans sa commune ; sur les 75 villages de Barsalogho, seuls dix sont toujours habités, le reste étant désert.

Apsa Diallo du CISC pour sa part, a évoqué la question judiciaire du dossier de Yirgou. Elle a déploré la lenteur du processus judiciaire et s’interroge sur la capacité du système judiciaire burkinabè à mener des enquêtes indépendantes en toute impartialité. Selon elle, il y a une volonté manifeste de ne pas poursuivre le dossier et le mener à terme car de nombreuses zones d’ombre planent, notamment celles liées au changement du juge d’instruction présent au moment des faits, au refus d’exécuter les mandats par les officiers de police judiciaire, etc.  Elle a indiqué que Yirgou est le seul drame qui n’a pas bénéficié d’un deuil national et a invité l’État à considérer le drame comme une affaire nationale et non peule.

Pr Ouedraogo a quant à lui préconisé la prise de parole comme outil de construction de l’État-Nation et de déconstruction des préjugés qui mettent à mal le vivre ensemble et la cohésion sociale.

Au terme des échanges, les avis ont été unanimes : il faut une synergie d’actions multi-acteurs pour faire face à ce défi sécuritaire de l’heure. Entre autres propositions, ils ont recommandé de construire un cordon de résilience socioéconomique et d’ouvrir un débat national impliquant toute la composante de la nation burkinabè sur la question.