Fidèle à son rôle d’ouverture de débat public, l’Institut FREE Afrik a, le mardi 12 février 2019, tenu un panel sur le thème « conversation sur le développement : perspectives sud-coréenne et burkinabè ». Animée par le Dr Ra-Sablga Ouedraogo et le Pr Hee-Young HWANG (Corée du Sud), cette rencontre a été l’occasion de faire une lecture croisée du développement des deux pays et d’esquisser, en s’inspirant du modèle sud-coréen, une stratégie de développement adaptée aux réalités du Burkina Faso.

Le Burkina Faso malgré ses 60 ans d’indépendance est toujours à la recherche de la voie de développement. Le modèle sud-coréen riche d’expériences constitue une source d’inspiration pour une sortie du sous-développement. C’est dans cette optique que l’Institut FREE Afrik a initié une rencontre de réflexion sur le thème de : « conversation sur le développement : perspectives coréenne et burkinabè », le mardi 12 février 2019. Cette rencontre qui visait à tirer des enseignements des trajectoires sud-coréeenne et burkinabè à partir d’une analyse économique comparative des deux pays, a abouti à la proposition d’axes pour une stratégie de développement adaptée aux réalités du Burkina Faso. Les deux intervenants, Pr Hee-Young Hwang et Dr Ouedraogo, ont dans leur présentation fait une étude comparée du modèle de croissance économique des deux pays.
Il est ressorti de la présentation du Pr. HWANG que la Corée du Sud tout comme le Burkina figuraient parmi les pays les plus pauvres en 1950 et qu’elle est aujourd’hui parmi les vingt puissances mondiales. Pour le panéliste, plusieurs facteurs expliquent la croissance économique de la Corée du sud. Il s’agit, entre autres, de lois décrétées par le gouvernement en faveur des entreprises, de la canalisation des capitaux destinés au secteur privé, en particulier le secteur manufacturier et de la mise en place d’un système de taxation basé principalement sur la taxe sur la valeur ajoutée et l’impôt sur le revenu des entreprises. Selon lui, le fait que la croissance de la Corée du Sud ait été possible, cela signifie que la croissance est possible pour tous les pays africains. « Il y a cependant une condition. En effet, si vous voulez cherchez l’ADN de la réussite et le transposer sur le sol africain, cela est impossible car il n’y a pas d’ADN de la réussite. De plus, le modèle de croissance économique d’un pays ne peut s’appliquer à un autre pays car les conditions initiales ou actuelles sont différentes. On peut cependant s’inspirer et apprendre de l’expérience d’un autre pays » a-t-il expliqué. Et de poursuivre que le gouvernement du Burkina Faso gagnerait à mettre l’accent sur l’éducation, encourager l’investissement, privilégier l’investissement dans les domaines prometteurs et protéger les entreprises nationales. Le Pr Hwang est également revenu sur la question de l’aide extérieure. Il a expliqué que cette aide crée une dépendance vis-à-vis de l’extérieur et rend le pays moins autonome.
Dr Ouédraogo a, pour sa part, précisé le rôle primordial de l’État dans tout processus de développement car dit-il, l’expérience de développement montre qu’on a besoin d’un commandant en chef, un stratège c’est-à-dire l’État, qui organise le projet collectif commun. Ce stratège a besoin d’acteurs stratégiques dont le secteur privé. Selon Dr Ouedraogo, comme la Corée du sud s’est d’abord développée d’elle-même grâce à la politique industrielle mise en œuvre par l’État, le Burkina Faso gagnerait à s’inspirer de ces politiques pour émerger. Il a ajouté que la Corée du Sud donne une belle leçon au Burkina Faso. « Celle que rien ne nous est interdit à partir du moment où nous rêvons en comptant sur nous-même et non sur les capacités des autres. L’histoire de la Corée du Sud démontre l’extraordinaire capacité des hommes à changer leur société, à donner du rêve et à restaurer la dignité humaine dans leur pays. Si cela a été possible en Corée du sud, cela est aussi possible ailleurs, pas en copiant mais en s’inspirant de son parcours ».